jeudi 25 novembre 2010

WWOOF 2 : Mas de la Griffe

Mas de la Griffe
Un petit résumé de mon second wwoof


Amélie les bains (66)
du 4/11/10  au 24/11/10
1/2h de route de montagne après Amélie, l'accès au Mas se fait par sentier (30 minutes a pieds avec un dénivelé qui fait pas rire) ou par piste (une heure de 4x4, le mec a créé la piste au bulldozer il y a 4 ans). 900m d'altitude.
Super isolé, le soir pas une lumière en vue.. Un endroit pour les mecs en cavale, les misanthropes ou ceux qui ont qqchose à se prouver.

Une famille (5 personnes) vit là depuis 13 ans avec son âne, 50 chèvres et 15 chevaux. Des wwoofers en permanence apparemment. On a été jusqu'à 7 au maximum.

La vie n'est pas très bien organisée, les projets ne sont jamais achevés, on passe notre temps à trimer comme des dingues pour au final brasser de l'air.
Le type demande de pas compter ses heures quand on va là-bas. Habituellement un wwoof c'est 5h/jour plus deux jours de repos. A la Griffe c'est 10h/jour (du lever au coucher du soleil) et repos le dimanche.
Dans le boulot rien de très palpitant : porter du bois, du foin (il arrive par la piste mais il faut le porter 10 min à dos d'homme jusqu'à l'écurie), faire la bouffe pour tout le monde, la lessive de la famille (c'est a tour de role mais les hôtes ne le font jamais), reconstruire les chiottes qui ont brûlé cet été...

Les chevaux ne portent rien, ils sont nourris à rien foutre et c'est nous qui leur apportons leur foin sur le dos.
Les chèvres ne sont pas traites (trop de travail apparemment).
Les vaches (qui viennent d'être vendues) non plus.
Le jardin est à l'abandon.
Les constructions sont faites à l'arrache (système D dans tous les sens) : j'ai participé à la fin d'un dôme (bâché au polyane, on dirait un gros bout de cellophane en pleine montagne) et à la reconstruction des toilettes sèches (lambris + polyane.. hourra la construction alternative).
Les hôtes ne participent pas aux tâches, travaux ni a la même vie que les wwoofers.
Déjà qu'il n'y a rien de formateur dans les activités, du coup il y a très peu d'échanges avec les hôtes.

J'ai été logé sous tente pendant 4 jours à mon arrivée alors qu'il commençait à geler, puis dans une yourte avec 3 autres wwoofers, mais tous les matins on devait plier nos affaires (lits et sacs) pour laisser la place libre. Assez peu accueillant.

Enfin la bouffe (végétarienne) : céréales (millet orge polenta boulgour que du bonheur) et légumes vapeur (betteraves navets carottes) à chaque repas avec du sel si on a été sage. Pas d'épices, rationnement de beurre et d'huile, pas de crème, de moutarde, ni quoi que ce soit. Après deux repas tu tombes en dépression. Pas d'œufs, pas de fromage, pas de dessert, l'angoisse alimentaire ! Rien qui améliore le quotidien, et après tu vois les hôtes et leurs gamins se taper des gâteaux et plaquettes de chocolat. J'ai rien contre les végétariens, j'avais été très bien nourri en Lozère cet été alors qu'on était en mono diète courgette / concombre, mais à la Griffe c'est juste d'une hypocrisie écœurante : soit disant on partage leur mode de vie, mais en réalité c'est plutôt tirer le plus possible des wwoofers et leur en donner le moins possible (ca fait un peu calimero dit comme ca).

Pour résumer : trop de taf (surtout quand on se rend compte qu'il est inutile parce que mal organisé), pas de temps libre, pas d'échange avec les hôtes, pas de formation (on est là pour ça à la base), accueil peu chaleureux, logement précaire et alimentation même pas frugale.
On ajoute à ça que les hôtes sont pas là de la journée et on a l'impression de faire toutes les corvées pour eux. Retour au servage.

J'ai quand même (parmi les wwoofers ou gens de passage) rencontré des gens sympas et motivés qui poursuivent le même but que le mien ; ça fait plaisir et ça encourage ! C'est à leur contact que j'ai appris le plus.

Deuxième point positif : la lessive. Tout d'abord le recette : prenez les cendres de la semaine de votre poêle, mettez les dans une grand bac, et ajoutez le même volume d'eau bouillante. Ensuite on touille matin et soir pendant deux trois jours. Puis on filtre tout le bazar avec un tissu par exemple et hop on met en bouteille sa lessive. Ensuite on peut (apparemment) jeter la potasse dans la nature sans problème. A la Griffe ils mélangent avec 1/3 de lessive industrielle pour que ca parfume un peu, mais je pense qu'avec des huiles essentielles ca marche.
Et ensuite la machine à laver : prenez un vélo, virez la roue arrière, et reliez la chaîne à la machine par un astucieux système de dérailleurs soudés au tambour : vous avez un lave linge a pédales. Lavage rinçage essorage comme à la maison (en bougeant le tuyau d'évacuation et en jouant avec l'arrivée d'eau). Si les vitesses passent encore, c'est un jeu d'enfants, et avec une bonne soudure a mon avis on fait du 1500 tours/minute fastoche a l'essorage (maillot vert !). Enfin un vélo d'appartement qui joint l'utile a l'agréable :)

Je devais rester jusqu'au 15 janvier à Amélie, mais c'était vraiment un wwoof de masochistes. J'ai contacté mon futur hôte (à Opoul toujours dans le 66) qui a pu avancer mon séjour au 1er décembre. Je pensais tenir jusque là à la Griffe, mais ils ont annoncé de la neige et j'ai préféré ne pas prendre le risque d'être bloqué. Donc me voici de retour a Montpellier depuis hier et jusque fin novembre.