mardi 29 mars 2011

WWOOF 4 : La maison jaune

La Maison Jaune
Quirbajou (Aude)
du 21 au 26 janvier et du 1er au 17 mars
Trois semaines de chouette wwoof dans un petit village (45 habitants) à 800m d'altitude, chez un couple d'une soixantaine d'années.

La commune (le maire mais aussi le village dans son ensemble, "vieux" et néoruraux) est assez moderne et alternative ; elle refuse de mourir et aimerait voir des jeunes s'installer. Ils ont une station en phytoépuration, ils montent une AFP (http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_fonci%C3%A8re_pastorale) avec la mairie pour regrouper un peu les parcelles qui se sont divisées au fil des héritages, ils parlent de village de transition (http://villesentransition.net/).. Quand il y a des travaux à faire, c'est tous les volontaires du village qui s'y collent. C'est petit et humain.


Au bout de deux jours j'ai mangé avec le maire, microbiologiste retraité, ancien collègue de Claude Bourguignon, le mec qu'on voit pendant la moitié du film de Coline Serreau (http://www.solutionslocales-lefilm.com/). Apparemment il est complètement insupportable, délire non :)

Stéphane, mon hôte, a un peu tout fait dans sa vie (prof de physique, océanographe, pizzaiolo, éleveur de chèvres, installations d'art, etc..). C'est un scientifique dans l'âme, sceptique et rigoureux ; gros contraste avec mes autres wwoof. Il est venu s'acheter 30 ha dans un bled paumé pour changer de vie. Sa mission : revaloriser le paysage, car à Quirbajou la nature a repris le dessus ; pour ça, il a un sécateur, des chèvres et des wwoofers :)

J'ai fait deux séjours : à la base je venais pour découvrir la traite et faire du fromage, mais les 10 chèvres étaient encore pleines la première fois (et donc ne faisaient pas de lait). Alors j'ai décalé d'un mois. Entre temps Stéphane a acheté 10 agneaux, et quand je suis revenu, les chèvres avaient commencé à pondre et 4 bébés étaient là.

On a fait deux nouveaux parcs (jour et nuit) pour les mamans chèvres et leurs bébés. Ca consiste à défricher le terrain qui est une sorte de roncier, planter des piquets et tendre le fil électrique.
On remonte les murs écroulés, on fait des barrières gauloises (des murs de broussailles tressées, c'est de toute beauté) sur le bord des parcelles et sur les murs (pour empêcher les bêtes de marcher dessus et de les faire s'effondrer), et on défriche, on défriche. C'est assez satisfaisant de se retourner le soir et de regarder le terrain qui s'est transformé, dompté une fois de plus par la main de l'Homme et de son fidèle wwoofer.

Tous les jours faut s'occuper des bestiaux. Trois repas par jour pour les petites brebis (séparées de leur mère à 3 jours c'est triste), et deux pour les chèvres, pendant lesquels on les trait. Autant le mouton mérite sa réputation (jamais vu un animal soit disant domestique aussi idiot), autant la chèvre est attachante, sympathique et a de la personnalité ; je comprends bien des légionnaires. Les chevreaux (14 naissances au final) sont mignons, joueurs et téméraires ; les petits boucs de même pas une semaine grimpent déjà sur les filles..
Les petits étaient encore sous leur mère, mais on s'est vite retrouvé avec beaucoup plus de lait qu'on pouvait en consommer. La fromagerie était pas encore au point mais j'ai pu quand même tester un ou deux fromages avant de partir.

Au sortir de l'hiver on mangeait encore les légumes du jardin, ca tourne pas mal de ce côté-là. Ils essayent de s'inspirer de la permaculture et ça donne pour l'instant de bons résultats. Ils font 400 kg de patates et j'ai mangé des betteraves, poireaux, salades et courges en pagaille. Ils commencent les céréales, on a semé un petit champ d'orge pour voir...

Les derniers jours, pluie non stop, on en a profité pour bosser un peu à l'intérieur. On a recouvert les murs en pierre de crépi de chanvre. C'est pas mal à travailler, on tartine à la main sur plusieurs centimètres d'épaisseur, ça sert autant à reboucher les trous qu'à isoler, et ça fait une bonne couche pour égaliser avant d'enduire. Ça vaut quand même pas le torchis terre-paille je pense.

Je voulais que ce soit mon dernier wwoof familial, mais pour l'instant on a du mal avec Julie à trouver un collectif pour les jours à venir. Je vais peut-être partir en Ariège pendant un mois histoire de creuser par là-bas.

N'oubliez pas, début juin dans l'Hérault : http://collectifconvergence.blogspot.com/