dimanche 24 juillet 2011

Longo Maï - Limans


Longo Maï
Limans (04) - 600 m
Du 4 au 22 juillet 2011

On revient de nos trois premières semaines collectives plutôt ravis et on repart aussitôt.
On est à Limans, la plus grosse des coopératives Longo, dédiée à l'accueil des nouveaux venus et à la radio.
En ce moment il y a une centaine de personnes sur le lieu : 80 permanents plus des proches, touristes et autres visiteurs.

Les gens qui vivent là ne sont pas payés et ne sont pas propriétaires. Ils naviguent plus ou moins entre les dix communautés Longo Maï en Europe qui sont spécialisées dans des activités comme le maraîchage, le vin, la filature, le bois ...

Pas très facile de rencontrer des gens qui vivent pour certains depuis plus de trente ans sur place et voient défiler les curieux et les hippies les uns après les autres ; en restant un peu longtemps on commence à tisser des liens.

Ambiance libertaire, réunions animées, organisation déconcertante quand on débarque.
On bosse aux jardins, on fend du bois, on participe aux activités quand il y a besoin d'un coup de main, on fait notre tour de cuisine (pour 120 vaut mieux pas se louper)... Beaucoup d'activités, d'équipes, de choses à découvrir, de projets isolés et de chantiers dans lesquels il faut un peu s'incruster et se faire une place parce que les habitants ne viendront pas réclamer de l'aide ; on peut facilement se retrouver les bras ballants alors qu'il y a tellement à faire.

Une des critiques faite à Longo est sa taille presque démesurée et le côté usine à gaz impersonnelle. Les autochtones blasés se montrent peu accueillants ou avenants à cause des nombreux et courts passages de visiteurs, et parfois on peut se sentir un peu transparent.

On repart pour trois semaines en espérant creuser un peu notre trou, intégrer une ou des équipes, éventuellement trouver un logement en dur ou une solution pour l'hiver.

Voilà c'est juste un petit article pour donner des nouvelles entre deux, j'écrirais sûrement quelque chose de plus conséquent quand j'aurais le temps.

vendredi 20 mai 2011

WWOOF 7 : Cravirola

Cravirola
Minerve (34) - 500 m
Du 9 au 19 mai 2011

La petite histoire
Il y a 30 ans, un couple d'Allemands retape une ferme isolée dans les Alpes à Cravirola.
25 ans plus tard, après des débuts difficiles, le lieu a fini par décoller et accueille plus de monde. Une coopérative et une SCOP ont été créées pour être dans les clous et vendre du fromage de chèvre en à peu près toute légalité.
Puis les gens se sentant un peu limités par l'endroit cherchent un nouveau terrain et atterrissent dans l'Hérault, près de Minerve, dans une propriété de 270 ha de garrigue.
Le lieu hérite du nom de la coopérative qui avait elle-même le nom du bled d'origine, et voilà pourquoi Cravirola est maintenant dans l'Hérault.

Si vous êtes friand de séries américaines ou simplement curieux, y'a plein d'endroits sur internet où on trouve des versions détaillées et croustillantes de cette histoire, je vous les recommande.

En déménageant, les Craviroliens ont "donné" l'ancienne ferme à un nouveau collectif. Les deux groupes, rejoints par un troisième, ont créé la société Terres Communes qui a un engagement foncier un peu comparable à celui de Terre de Liens. Il y a une réelle volonté politique là-derrière, qui est bien expliquée ici: http://www.terredeliens.org/spip.php?article205.

Aujourd'hui c'est une dizaine de permanents qui sont installés à la ferme ; le groupe est assez hétérogène (25 - 60 ans) et mixte. Peu vivent dans le bâtiment principal, et faute de permis de construire, la plupart sont en caravane ou cabanes depuis plusieurs années ; vague de construction sauvage imminente.

L'activité
Le nouveau terrain a couté la bagatelle de 1,2 millions. Pas mal pour des hippies éleveurs de chèvres.
La SAS a un emprunt de 800 000 € sur le dos qu'il faut rembourser grâce à trois principales activités économiques : le fromage, l'accueil et la vente de bois.

Le fromage :
70 chèvres, 60 brebis et 8 vaches laitières : beaucoup d'animaux pour faire beaucoup de fromage. La clientèle est à Cannes (historiquement ca a un sens), donc on produit toute la semaine et chaque vendredi on envoie le camion frigo faire le marché et vendre 5000 € de fromage. Y'a des sous sur la côte.
Les bêtes sont traites à la machine et nourries avec du foin acheté : sur place y'a de quoi paitre pendant deux mois à tout casser, c'est impossible de faucher ; rageant de voir ces 270 ha qui servent à rien.
Mais une solution se profile : le sylvopastoralisme. Leur garrigue est en fait une forêt de chênes verts qu'ils éclaircissent pour laisser repousser l'herbe et envoyer les animaux grignoter ce qui pousse. Toujours pas de quoi faucher mais ca devrait agrandir un peu la période de paturage.

Le bois :
Eclaircir les chênes pour faire pousser l'herbe c'est chouette et en plus on peut vendre le bois pour se chauffer ! Doublement chouette non ?

L'accueil :
Un gîte, des chambres d'hôtes et l'été, un camping participatif de 300 emplacements pour des vacances de hippies. Le camping est en train de se mettre aux normes (incendie notamment). Il est vraiment très très grand, c'est pas le genre avec des emplacements de 12 m² ; on demande aux gens de s'occuper de l'entretien, de changer les bacs des toilettes sèches, de participer à la bouffe ce genre de trucs.


En plus :
Quelques entrées d'argent supplémentaires : viande de vache, de cochon (nourri au petit lait), loyer versé par le collectif de l'ancienne ferme, pain, et soutien financier d'actionnaires qui achètent des parts pour encourager le projet.

Le séjour
Pour passer quelques temps à Cravirola il faut participer à un chantier solidaire. Je n'ai pas wwoofé, j'ai menti dans le titre, pardon.
On paye 45 € pour aller bosser une douzaine de jours (wwoof payant, concept intéressant). On est un groupe de 8 maxi.
Le thème de notre chantier : lancement de la saison, aménagement du camping, et vie quotidienne.
En vrac : décailloutage du camping, construction de RIA en pierre, tranchées pour réparer les canalisations, remise en état du snack, nettoyage, peinture, jardinage, traite, fromagerie, étanchéifier un cuve en béton, monter le chapiteau, etc...
Donc pendant dix jours on participe à la vie de la ferme. Un groupe le matin va traire très tôt (ou des fois simplement un peu tôt), un peu après une équipe commence la fromagerie du matin, puis vers 13h tout le monde vient manger, et on rattaque soit au chantier, soit en fin d'après-midi à la traite ou fromagerie. 19h : l'apéro/réunion et hop à table. Après en général ca s'éparpille.

Mon court passage
Cravirola se veut un lieu de résistance, d'engagement, d'expérimentation et d'autogestion.

J'ai débarqué là-bas juste après Ramounat, et j'ai surtout eu l'impression d'un lieu sans cohérence avec les valeurs qu'ils défendent, où tout tourne autour du fric et de l'énorme emprunt à rembourser : on bosse à coup de tracteur, pelle mécanique, traite à la machine, on envoie les fromages à l'autre bout de la France, les légumes viennent du supermarché (le jardin est assez petit surtout quand il est censé alimenter le snack pour les campeurs l'été), le compteur électrique est à peine suffisant (il va falloir passer au modèle au dessus), ils n'utilisent pas les toilettes sèches...
J'ai juste vu une boîte en train de faire du pognon entre copains.

Et puis j'y ai trouvé un sens en considèrant le point de vue de Terres Communes. Pour ceux qui ont pas lu l'article vers lequel je fais un lien plus haut (bouh !) le principe de la SAS c'est de devenir propriétaire de terres pour les consacrer à l'agriculture, en les confiant à des gens qui n'en seront pas forcément propriétaires. Terres Communes veut posséder du foncier pour le sortir du système de spéculation actuel qui empêche les agriculteurs de s'installer ou les force à s'endetter et à devenir rentables.

Toujours est-il qu'à l'issue de mon séjour je ne sais toujours pas ce qu'ils vont faire quand leur emprunt sera remboursé, je ne comprends pas pourquoi ils ont acheté 270 ha ni pourquoi avoir choisi la garrigue ou le bétail n'a rien à manger.


On poursuit avec Julie à Longo Mai pour le mois de juillet, et peut-être plus avec Baptiste si le début s'est bien passé.

dimanche 8 mai 2011

WWOOF 6 : Ramounat

Ramounat
Massat (09) - 1000m
Du 23 avril au 6 mai

http://www.ouvertour.org/lieux-visites/ramounat : quelques photos et un site assez intéressant.

Après moins d'une heure de route en quittant Camarade, nous arrivons à Massat ; un quart d'heure plus tard, la vallée de Bernède, et le parking où sont arrêtés tous les véhicules des habitants de la vallée.
On prend les sacs à dos, les instructions erronées et on vise Ramounat, à une demi-heure de marche.
Une heure et demie plus tard, après avoir rencontré les "voisins", traversé la vallée de long en large, piétiné dans les marécages jusqu'aux genoux, nous sommes accueillis par quatre barbus autochtones en liesse : Peter, Vincent, Francois et Milan.

Bernède
Il y a trente ans, Peter est venu d'Allemagne fonder une famille tout en haut d'une vallée peuplée de hippies. Ils veulent vivre en autonomie, dénigrent Babylone et refusent les concessions. Peter a du être le plus extrémiste d'entre tous. Ils élèvent des chèvres, font les foins à poil et envoient leurs enfants faire l'école buissonnière. Pas d'électricité, pas d'eau courante, pas de machines. Juste du courage et des copains pour monter la cuisinière à bois depuis le parking ou bien porter un tronc à 20 personnes.
Aujourd'hui une autre génération est là, peut-être un peu moins fanatique, mais qui continue à construire sans permis, parfois même sans être propriétaire du terrain.
Les fêtes sont nombreuses, les habitants sont sympas, et c'est un sacré bordel.

L'idéal de Peter
Peter s'est rasé une fois dans sa vie (pour montrer à ses enfants je crois) ; pendant son service il a préféré aller au mitard que de se raser. C'est un solide gaillard de la montagne, et, malgré quelques contradictions, un homme de principes. Quels principes ?
Sur le même raisonnement que les tests d'empreinte écologique (http://www.wwf.fr/s-informer/calculer-votre-empreinte-ecologique), chacun de nous sur Terre consomme, par son mode de vie, une certaine quantité de ressources. Et, le saviez-vous, les ressources de la planète sont limitées. Donc si on prend trop, les autres ont moins. Pour arriver à un équilibre et à une équité, le principe est de consommer modérément sa propre production -ou au moins une production locale, et de garder un mode de vie à échelle humaine pour limiter notre impact sur la vie et l'environnement.

À Ramounat, on vit dans des maisons qui ont été fabriquées à la main avec les matériaux du coin (bois rond abattu dans la forêt, en général du bois déjà mort), sans trop de confort matériel, on fait pousser ce qu'on veut manger et on élève des bêtes (une ou deux exceptions : les céréales, qu'on peut pas (encore) faire pousser faute de main d'œuvre, et surtout l'alcool et le tabac. Ils font bien leur vin de myrtille, mais tout est bu en deux trois mois.. La consommation est assez impressionnante je dois dire).
Si tu utilises une machine, tu gagnes du temps, mais tu perds le copain avec qui tu aurais été obligé de faire la tâche.
Si tu achètes quelque chose, tu fais travailler quelqu'un dans des conditions que tu ne veux pas accepter toi-même (usines, agriculture conventionnelle, chine...), et tu es un hypocrite car tu as la belle vie dans la montagne grâce au travail des autres et de la société que tu refuses.

L'idéal de Peter, c'est de vivre à plusieurs familles (une vingtaine de personnes) sur son terrain ; ca fera suffisamment de bras disponibles pour entreprendre des projets dignes de ce nom, et soulever des montagnes. Et on pourra enfin dormir tranquille sans avoir sur la conscience les conséquences de nos gestes les plus quotidiens : ouvrir le robinet, allumer la lumière en appuyant sur un interrupteur nucléaire, aller au travail avec une voiture pleine de pétrole.

La réalité
Mais tout ca a un prix : faut bosser ! Et accepter des conditions de vie auxquelles on n'a pas été forcément habitués. À Ramounat, si tu veux quelque chose, tu trouves le temps pour le faire, et tu le fais.

Le problème, c'est que l'été il y a une quinzaine de visiteurs curieux (des wwoofers en gros) qui fauchent et qui mangent ; et la bouffe pour quinze, elle est cultivée par les quatre permanents qui sont là à l'année.
Voila le cercle vicieux : tout pousse sur des terrasses qu'il faut entretenir et enrichir de compost. Le compost vient du fumier de chèvre. Pour faire des légumes pour quinze (1,5 t de patates pour la base de l'alimentation) ben il faut pas mal de fumier, donc pas mal de chèvres (98 en comptant les petits quand j'y étais). Et pour nourrir 60 chèvres adultes, faut pas mal de foin. Et pour faucher tout ce foin à la main, ben faut qu'il y ait 15 personnes l'été.

En gros les permanents assument à quatre les besoins alimentaires de quinze personnes, et donc la petite citation "À Ramounat, si tu veux quelque chose, tu trouves le temps pour le faire, et tu le fais" devient vite illusoire, parce qu'on ne l'a pas ce temps. Pas de temps pour soi, pas le temps pour des projets personnels ni pour améliorer le confort par exemple. Et en trente ans, on dirait que le lieu en est resté à assurer la survie. S'il y avait 15 permanents, ca serait fastoche de boucler la bouffe et les chèvres et ensuite de se consacrer à des constructions plus censées, ou à des sanitaires à tout hasard. Mais voir l'emploi du temps et les conditions de vie des permanents, je sais pas si ca donne super envie aux visiteurs de s'installer.
C'est mon avis après être resté quinze jours, mais d'après Vincent ils ont déjà fait plein de concessions et ils se sont embourgeoisés :)

La vie à Ramounat
Les maisons : 7m de haut, trois étages, quasiment tout vient de la forêt (sauf les tôles pour le toit), c'est une construction de titan ! Mais c'est pas isolé, c'est le souk et c'est crado.
Toilettes : un trou dans une planche et un broc d'eau.
Pas de salle de bain, pour se laver faut aller chercher du bois dans la forêt, allumer un feu, chauffer l'eau pour son bain, remplir la baignoire en portant la marmite.. En tout ca prend 2h quand on est bon. Autant dire qu'on se lave pas tous les jours ; perso une fois en 15 jours, et encore j'ai choisi la facilité en allant dans la rivière à 8°.
Pas de cuisine, on prépare la bouffe là où on peut, ou la où on veut
Pas de table, on mange par terre tous dans la même gamelle au milieu des animaux.
Quand j'ai vu mon pieu j'ai fait gaffe que pas un centimètre de ma peau ne dépasse de mon duvet, j'avais trop peur d'attraper la gale si je touchais le matelas.

Et puis au bout de quelques jours de prudence et d'indignation étouffée, je me suis surpris à m'habituer et à commencer à profiter des choses simples, et c'était chouette.
On fait pas mal la fête, on rigole bien, mais faut franchir un pas pour pas avoir envie de partir en courant.
Je pense que si j'étais resté plus longtemps je me serais satisfait petit à petit des conditions, jusqu'à oublier l'usage d'un peigne et ne même plus voir la crasse recouvrir mon corps.

Le wwoof
Je suis arrivé, quelle chance, le jour où on devait vider la chèvrerie : deux jours à trois personnes dans une sympathique odeur d'ammoniac à vider le fumier à la fourche.
Puis au cours du séjour, j'ai désherbé à la main d'interminables rangs de carottes, planté des patates, coupé du bois à la hache, à la scie, à la passe-partout, sorti les chèvres, été perdu dans la forêt et accueilli des jeunes en réinsertion ("Tête de oim vous êtes des hommes des bois c'est l'Afrique ici !").

Le matin on se lève entre 7h et 8h, Vincent a commencé une heure avant à préparer les chapatis sur le feu. Un part traire les chèvres, un prépare le ptit dej : carottes / betteraves râpées, fromage de chèvre, fromage blanc aux herbes sauvages...
Puis on déjeune et la journée commence : un chevrier part pour la  journée faire paitre les bêtes, et les autres bossent au fromage, au jardin ou aux foins ou aux constructions selon la saison...
Au retour des chèvres on les trait encore un coup.
À la tombée de la nuit on mange (des patates), on boit, on chante et on joue de la flute.
Une vie simple non !

Le bilan
C'était un sacré wwoof aussi intéressant que déroutant. Un peu court pour juger de tout ca, et surtout pour savoir jusqu'où j'aurais pu aller.
C'est suffisamment rare pour être souligné : les gens qui vivent là ont des valeurs fortes et vivent (presque) totalement en accord avec elles. C'en est presque naïf mais je trouve ca assez admirable. Ces convictions impliquent une vie rude, à l'ancienne, que peu sont prêts à accepter, mais eux continuent.
Peter a fait le choix d'agir plutôt que de militer ou se politiser, et il est allé au bout.

Ma déception : selon moi Peter met la charrue avant les bœufs dans son choix de vouloir produire pour 15 personnes en étant 4 permanents. À ce rythme je pense que les gens s'usent plus vite qu'ils ne sont remplacés, et le dialogue à l'air compliqué avec Peter ; je n'ai pas eu l'impression que les gens avaient vraiment leur mot à dire s'ils n'étaient pas d'accord. C'est dommage, c'est le genre d'endroit ou c'est possible de se concentrer sur l'aspect collectif, la communication tout ca, mais encore une fois ca a pas l'air d'être la priorité.

Pour moi qui n'étais que de passage, ca reste une belle expérience.

dimanche 24 avril 2011

WWOOF 5 : Cap de la Goutte

Cap de la Goutte
Camarade (09) -600m
Du 11 au 23 Avril 2011

On part un peu sur un coup de tête avec Basile pour un petit mois en Ariège, avec pour commencer quinze jours très courts dans un petit collectif à Camarade.

On arrive sur une ferme de 13 ha, avec un potager, une serre, des champs pour l'herbe (et bientôt des céréales), des pâtures pas fauchables à cause de la pente, un petit peu de bois, pas d'eau. Les paysages sont très beaux et très verts, on s'en met plein les mirettes.

Plein les mirettes j'vous dis !

Le terrain a été acheté il y a quatre ou cinq ans. Aujourd'hui vivent dessus Veronika et Roberto (qui nous accueillent), Yves, et Jean-Pierre et Marie-Noëlle. La cinquantaine pour tout le monde. La fille de Veronika est là bas aussi avec ses trois enfants, mais je crois que c'est provisoire.

Qui fait quoi ?
Veronika s'occupe du poulailler (50 poules), pas mal de la cuisine, fait du pain, des herbes séchées, des conserves, travaille a la serre, au jardin, sait filer, tisser, fait de la vannerie et je pense plein d'autres choses. Elle a un diplôme d'éducatrice et ils sont famille d'accueil, alors ils prennent des jeunes à la maison qui ont un handicap léger (déficience mentale).
Roberto habite depuis plus de 20 ans en Ariège. A travers plusieurs collectifs je crois qu'il a été en autonomie quasi-complète pendant plusieurs années. Son copain c'est le cheval. En ce moment il bosse avec quatre chevaux et un mulet (son nouveau coup de cœur). Depuis qu'il est à la Goutte, le maraichage a pris une autre dimension. Avec les chevaux et ses outils - plus gros hangar d'Ariège probablement (sic !), il travaille la terre, fauche, fait du transport, et du débardage. C'est un spécialiste du compost.
Quelques outils ...

Yves bosse en dehors de la ferme, mais est assez présent au niveau collectif. Il est polyvalent.
Enfin Jean Pierre et Marie No sont plutôt à l'écart, ils se sont fait construire une maison bioclimatique et ils restent dedans :)
Une fois par semaine c'est journée collective.

Le projet
Se rapprocher de l'autonomie, dans la mesure du possible. Aujourd'hui un grand bâtiment est en train d'être rénové. Il servira d'habitation pour loger Veronika et Roberto (qui dorment dans ce qui sera plus tard la bibliothèque / pièce commune), et permettra d'accueillir plus de monde (nous étions sous tente avec Basile), de manière provisoire ou permanente. Au sous-sol une cave voutée pour la conservation des produits.

Et dans un second temps, si tout se passe bien et si des gens rejoignent le projet, il y aura des champs de céréales, des chèvres, des moutons, des cochons et une ou deux vaches. Le bâtiment pour les bêtes qui va avec, ainsi qu'une fromagerie sans doute. La piaule de Roberto sera alors à l'étage de la grange, au dessus des animaux. Sacré Roberto.

Le travail
Le jardin (40 a) : buttage, sous-solage, épandage, en traction animale avec des chevaux en cours de dressage. L'attelage et les outils sont entretenus et adaptés par Roberto qui travaille un peu le cuir. On a aussi fait un peu de repiquage et de boulot dans la serre.
Le jardin impeccable de Roberto

La construction : avec sa collection impressionnante de machines, le hangar de Roberto doit être agrandi (on double ou triple la surface). La structure est en bois rond (du douglas acheté sur pied pour servir de bois d'œuvre à la future maison et abattu dans la forêt à 500m, découpé à la scie mobile ; on s'est servi des chutes pour le hangar), les murs en dosses (les croûtes des douglas) et le toît en tôles. Les fondations c'est un gros caillou placé sous les poteaux.
On a surtout déligné et assemblé les dosses sur la structure. Et filé un coup de main à Roberto pour porter les troncs et les déposer en équilibre avant qu'ils soient assemblés. C'était un peu dangereux mais efficace au final.

Le hangar

Le transport : y'a plein de chutes de bois qui restent là ou la scie mobile les a coupés, alors on va les chercher avec notre petite remorque attelée, et hue ! C'est bien que les chevaux travaillent tous les jours, on a essayé d'en faire un peu chaque fois qu'il n'y avait pas de boulot au jardin.

Basile le cocher

Le dimanche : on est allé se promener avec Basile ; on a traversé une super forêt.
Aventure en forêt
Puis on est arrivés à Bouguet, lieu collectif un peu en perdition. C'est juste un lieu de vie maintenant, pas trop de projet commun à ce qu'il semble, les gens bossent dehors et viennent squatter le terrain avec leur yourte-dôme-kerterre-[placez ici votre habitat léger alternatif]. Une visite complètement déprimante d'un lieu avec des gens, des connaissances, un potentiel et pas de réalisation.
On continue à se promener et on arrive au but de notre balade : boubiella (un peu périmé, mais : http://www.terredeliens.org/spip.php?breve1836). Un lieu vraiment très beau, des bois, des prés, des pâtures, une source, un corps de ferme de 600 m², des gens jeunes, des enfants, ... et une situation de groupe un peu compliquée malheureusement. Mais un chouette endroit avec un super potentiel. Un jour peut être ?
On voulait faire un tour a Baluet (que vous avez peut-être vu dans "Volem rien foutre al pais" de Pierre Carles), mais le projet semble être sur la fin, alors pas la peine d'aller déprimer sur un échec :(

Le bilan
Un super lieu ou j'ai pu un peu approcher ce que je cherchais dans le wwoof, et ce à quoi j'aurais envie d'arriver. Des gens qui ont vécu l'autarcie, qui y retournent doucement, qui ont de l'expérience, un projet construit qui se met en place à son rythme, par étapes.
Le travail avec les chevaux est un bon compromis, maintenant j'aimerais voir de plus près ce que donne la permaculture ou la culture naturelle (pas de travail du sol, minimum d'intervention humaine). A suivre.
On part à Ramounat, toujours en Ariège, et Veronika et Roberto ont un petit sourire quand ils nous demandent si on sait ou on va mettre les pieds ...

mardi 29 mars 2011

WWOOF 4 : La maison jaune

La Maison Jaune
Quirbajou (Aude)
du 21 au 26 janvier et du 1er au 17 mars
Trois semaines de chouette wwoof dans un petit village (45 habitants) à 800m d'altitude, chez un couple d'une soixantaine d'années.

La commune (le maire mais aussi le village dans son ensemble, "vieux" et néoruraux) est assez moderne et alternative ; elle refuse de mourir et aimerait voir des jeunes s'installer. Ils ont une station en phytoépuration, ils montent une AFP (http://fr.wikipedia.org/wiki/Association_fonci%C3%A8re_pastorale) avec la mairie pour regrouper un peu les parcelles qui se sont divisées au fil des héritages, ils parlent de village de transition (http://villesentransition.net/).. Quand il y a des travaux à faire, c'est tous les volontaires du village qui s'y collent. C'est petit et humain.


Au bout de deux jours j'ai mangé avec le maire, microbiologiste retraité, ancien collègue de Claude Bourguignon, le mec qu'on voit pendant la moitié du film de Coline Serreau (http://www.solutionslocales-lefilm.com/). Apparemment il est complètement insupportable, délire non :)

Stéphane, mon hôte, a un peu tout fait dans sa vie (prof de physique, océanographe, pizzaiolo, éleveur de chèvres, installations d'art, etc..). C'est un scientifique dans l'âme, sceptique et rigoureux ; gros contraste avec mes autres wwoof. Il est venu s'acheter 30 ha dans un bled paumé pour changer de vie. Sa mission : revaloriser le paysage, car à Quirbajou la nature a repris le dessus ; pour ça, il a un sécateur, des chèvres et des wwoofers :)

J'ai fait deux séjours : à la base je venais pour découvrir la traite et faire du fromage, mais les 10 chèvres étaient encore pleines la première fois (et donc ne faisaient pas de lait). Alors j'ai décalé d'un mois. Entre temps Stéphane a acheté 10 agneaux, et quand je suis revenu, les chèvres avaient commencé à pondre et 4 bébés étaient là.

On a fait deux nouveaux parcs (jour et nuit) pour les mamans chèvres et leurs bébés. Ca consiste à défricher le terrain qui est une sorte de roncier, planter des piquets et tendre le fil électrique.
On remonte les murs écroulés, on fait des barrières gauloises (des murs de broussailles tressées, c'est de toute beauté) sur le bord des parcelles et sur les murs (pour empêcher les bêtes de marcher dessus et de les faire s'effondrer), et on défriche, on défriche. C'est assez satisfaisant de se retourner le soir et de regarder le terrain qui s'est transformé, dompté une fois de plus par la main de l'Homme et de son fidèle wwoofer.

Tous les jours faut s'occuper des bestiaux. Trois repas par jour pour les petites brebis (séparées de leur mère à 3 jours c'est triste), et deux pour les chèvres, pendant lesquels on les trait. Autant le mouton mérite sa réputation (jamais vu un animal soit disant domestique aussi idiot), autant la chèvre est attachante, sympathique et a de la personnalité ; je comprends bien des légionnaires. Les chevreaux (14 naissances au final) sont mignons, joueurs et téméraires ; les petits boucs de même pas une semaine grimpent déjà sur les filles..
Les petits étaient encore sous leur mère, mais on s'est vite retrouvé avec beaucoup plus de lait qu'on pouvait en consommer. La fromagerie était pas encore au point mais j'ai pu quand même tester un ou deux fromages avant de partir.

Au sortir de l'hiver on mangeait encore les légumes du jardin, ca tourne pas mal de ce côté-là. Ils essayent de s'inspirer de la permaculture et ça donne pour l'instant de bons résultats. Ils font 400 kg de patates et j'ai mangé des betteraves, poireaux, salades et courges en pagaille. Ils commencent les céréales, on a semé un petit champ d'orge pour voir...

Les derniers jours, pluie non stop, on en a profité pour bosser un peu à l'intérieur. On a recouvert les murs en pierre de crépi de chanvre. C'est pas mal à travailler, on tartine à la main sur plusieurs centimètres d'épaisseur, ça sert autant à reboucher les trous qu'à isoler, et ça fait une bonne couche pour égaliser avant d'enduire. Ça vaut quand même pas le torchis terre-paille je pense.

Je voulais que ce soit mon dernier wwoof familial, mais pour l'instant on a du mal avec Julie à trouver un collectif pour les jours à venir. Je vais peut-être partir en Ariège pendant un mois histoire de creuser par là-bas.

N'oubliez pas, début juin dans l'Hérault : http://collectifconvergence.blogspot.com/

samedi 26 février 2011

WWOOF 3 : La belle Auriole

Salut,

Voici un résumé de mon passage à la belle auriole (.fr)


Le lieu :
Opoul, bled au Nord des PO, presque dans l'Aude. Le Mas est à quelques km du village.
Plus de 30 ha de terres : forêt, vigne, garrigue, champs ... 800 m² de surface habitable en deux bâtiments, ce qui fait un assez gros truc.
Je pense que la commune d'Opoul est composée à 80% de cailloux (différents calibres disponibles), les 20% restants c'est des buissons qui piquent ; une sorte de désert. Opoul c'est entre Perpignan et Narbonne, donc tramontane un jour sur deux, et quand ca souffle, un jour sur deux c'est a 100 km/h. Le bon côté c'est que le vent éloigne les moustiques.
Evidemment j'en rajoute un peu, le mieux pour se faire une idée c'est de regarder le site plein de belles photos.

Le projet :
Atteindre l'autonomie maximale. Eau et énergie c'est bon : y'a des puits, un forage, du photovoltaique et une éolienne. Niveau protéines une dizaine de poules, un coq handicapé qui tombe un pas sur deux, quelques lapins (la population dépend des évasions), deux ânes, deux chevaux et un vieux chien paralysé des pattes arrière. Au jardin le désert, mais un jour ca va pousser : y'a pas d'eau alors on paille, mais le vent souffle et dépaille ; on ne se décourage pas... Bientôt des céréales, des fruits et des olives.
Je pense qu'il y a de la place pour tout ici, mais bon on peut pas tout faire, c'est le temps qui manque.
J'oubliais presque, c'est un gîte Accueil Paysan, et y'a pas mal de passage.

Mes séjours :
Les wwoofers sont logés dans "la petite maison", une sorte de gîte pour six personnes. Un peu dur à chauffer mais quand même très confortable.

  • Du 10 au 22 décembre : j'ai fait un peu de tout. Construire des murs anti vent en palettes dans le jardin pour que la paille reste en place, faire des murs anti vent en entassant des souches de vigne, entretenir un peu la forêt, débroussailler de la ronce, faire un clapier sécurisé, ...
  • Du 3 au 21 janvier : "Tiens, la fin de la subvention au plantage d'arbre c'est le 15 janvier, on avait oublié ! C'est pas grave, on a qu'a planter 250 oliviers et 150 fruitiers à la bêche en 10 jours et à deux." Du coup j'ai fait pas mal de trous et planté pas mal d'arbres, maintenant on s'assied et on attend que ca pousse, dans 5 ans il y aura des fruits à gogo : cerises, abricots, peches, pommes, poires, figues, nefles, kakis, coings, noisettes, prunes, nashis et je suis sur que j'en oublie. C'était fatiguant (surtout de faire que ca) mais assez satisfaisant, ca donne un bon bilan carbone.
  • Du 21 au 26 janvier : je suis parti dans l'Aude a Quirbajou faire mon wwoof suivant sur le theme du fromage de chèvre. Mais le bouc a du être un peu long à la détente cet été et les chèvres avaient pas encore mis bas quand je suis arrivé. J'ai découvert qu'on ne peut pas traire une chèvre pleine. J'y retourne début mars.
  • Du 27 janvier au 24 février : retour à Opoul car on va construire une serre en bois (un menuisier est là une semaine pour nous former sur les machines à bois qui prennent la poussière). Une bonne semaine de dégauchissage, rabotage, tenons et mortaises avec un professionnel ; très formateur. Mais le mec est parti après une semaine, et on s'est retrouvés avec notre serre sous forme de bouts de bois entassés... On a mis deux semaines de plus à tout finir : assemblage, fondations, chevillage, fixation des chassis de fenêtre, toît, isolation en terre paille (mon coup de coeur : matériau gratuit, naturel, incroyablement isolant ; je le savais déjà, mais passer de la théorie à la pratique j'en ai eu les larmes aux yeux).
A part ca on a quand meme trouvé le temps de faire pousser quelques haies de palettes dans le jardin, et j'ai fait des trucs rigolos comme couper des arbres à la hache, plumer et vider ma première volaille (le vieux chien a mis fin aux jours du vieux coq au terme d'une poursuite haletante. Coq immangeable, paix à son âme), dépecer un renard au pelage magnifique (ma future casquette : une tête de renard) et aussi me forger un couteau. Je me sens comme Davy Crockett. Une semaine de plus et je posais des collets pour attraper des sangliers.

Julie est venue passer deux fois une semaine avec moi. C'était un séjour vraiment chouette.

Petit bilan (j'ai vraiment honte d'écrire ca mais pourtant il le faut) :

Bosser 8 heures par jour en attendant le weekend pour gagner de quoi acheter de la bouffe pleine de trucs qui ont pas l'air très bons pour la santé (de ceux qui la mangent et de ceux qui la produisent), se mettre un crédit sur le dos pour se faire construire une maison en trucs cracras, travailler pour payer sa voiture, avoir une voiture pour aller travailler, cautionner la mondialisation et le travail en chine parce que ca coute une fortune de faire autrement, donner des sous aux banques, à carrouf et aux assurances, vivre dans un monde régi par l'argent, vivre au milieu d'enjeux qui nous dépassent, je vous pose la question : mais ou va-t-on ?
On marche sur la tête c'est une évidence, mais ca demande une telle énergie d'oser penser qu'on pourrait faire autre chose de notre vie qu'on continue comme ca, de toute facon tout le monde le fait...

Pour moi la solution (comme j'ai pas envie d'organiser une révolution ni de tenter de convaincre des gens qui n'ont pas envie d'être convaincus) c'est de fuir. Puis d'être autonome, sans pour autant vivre comme un sauvage ni bosser 12 h par jour. Ca passe surement par la mutualisation des efforts, et donc par un collectif.

Le wwoof c'est pratique, ça aide à franchir un pas. Quand j'étais à Montpellier en train de préparer mon départ, ca avait l'air de paraitre un peu bizarre et décalé ce genre d'expérience (à situer quelque part entre l'homme de cromagnon, l'esclave et le rebelle d'into the wild ; un peu marginal quoi), presque de quoi me refroidir. Mais d'être au milieu de types aussi et encore plus marginaux, ca m'encourage à aller plus loin. Vus d'ici, la pieuvre du capitalisme et tous ses excès ne me paraissent plus qu'un mauvais souvenir, un souvenir ridicule, et un ridicule évident.

Maintenant j'ai presque envie de quitter le wwoof pour expérimenter des lieux où on peut vivre différemment (c'était mon dernier cliché promis). Donc ma prochaine étape : (re)joindre des collectifs autonomes pour me confronter un peu à la réalité de mes choix.

Quand j'ai trouvé un endroit sympa promis je vous fais signe :)


Au passage, un petit rendez vous début juin dans l'Hérault : http://collectifconvergence.blogspot.com/